Non à la banalisation du fascisme

Une vidéo émanant d’un membre du MR et relativisant ouvertement les actes de Mussolini a beaucoup circulé ces derniers jours.

Nous soulignons d’emblée que ces propos ont très vite suscité de nombreuses réactions et condamnations de la part de l’ensemble de la classe politique, y compris dans les rangs du parti dont est issu l’auteur de la vidéo. Néanmoins, ce genre de séquence reste particulièrement inquiétant.

Les Territoires de la Mémoire souhaitent, dans ce contexte, rappeler quelques éléments fondamentaux.

- Ce que fut le fascisme de Mussolini tout d’abord. -

Depuis la marche sur Rome en 1922 jusqu’à la chute de la République de Salò en avril 1945, Mussolini fut à la tête d’un des pires régimes totalitaires de l’époque contemporaine : parti unique, instauration d’un police secrète, propagande, volonté d’un idéal de pureté nationale et raciale mais aussi poursuite, déportation ou exécution de ceux qui s’écartaient de cet idéal ou considérés comme menaçants pour le pouvoir - juifs, communistes, handicapés, homosexuels, … - sans oublier les exactions et massacres de masse à différents endroits du globe : Ethiopie, Lybie, Somalie, Grèce, Slovénie, Albanie, …

- Le choix des mots, ensuite, est interpellant. -

Relevons notamment la revendication d’une « italianité » et de la « fierté rendue aux Italiens » qui nous apparait comme particulièrement problématique lorsque qu’elle est utilisée dans ce cadre. En effet, l’exaltation du sentiment national est une pièce majeure de la plupart des mécaniques totalitaires et ne peut donc être considérée comme un élément minimisant ou justifiant les agissements d’un tel régime.

Précisons également – et ici dans un but de clarification des concepts – que l’utilisation du terme « post-fasciste » pour qualifier le mouvement de G. Meloni nous semble aussi hasardeux. Il s’agit d’un concept relativement flou, navigant entre une certaine nostalgie du fascisme, une mobilisation de certains de ses symboles mais sans aller jusqu’au néofascisme qui, lui, revendiquerait clairement la filiation avec l’idéologie mussolinienne.

De façon plus générale, nous ne pouvons que déplorer une telle séquence, qui participe à une banalisation de l’extrême droite, de ses idées et de son héritage. Nous observons avec beaucoup d’inquiétude que le champ lexical de l’extrême droite, à travers notamment de nombreux néologismes, percole inlassablement dans le débat public et repousse donc, à chaque fois un peu plus, les limites du dicible.

Pour celles et ceux qui souhaiteraient aller plus loin, nous vous invitons à vous plonger dans notre revue Aide-Mémoire, et particulièrement dans les numéros suivants :

https://aidememoire.be/numeros/99/

https://www.territoires-memoire.be/aide-memoire-84/

https://www.territoires-memoire.be/aide-memoire-77/