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Le Triangle Rouge, nous continuons à le porter! Et vous?

Par Déborah Colombini

Racisme, populisme xénophobe, islamophobie, homophobie et, de surcroît, banalisation des discours liberticides rappellent une fois encore que le combat contre les idées d’extrême droite reste malheureusement une nécessité et, pour Les Territoires de la Mémoire, demeure une priorité. La résistance et la lutte contre toute atteinte à nos libertés fondamentales est une des préoccupations originelles des Territoires de la Mémoire et, en vingt ans d’observation, nous avons vu l’extrême droite adapter son discours néanmoins encore, toujours et vraisemblablement à jamais basé sur le rejet, les discriminations, l’exclusion, l’inégalité entre les uns et les autres.

Aujourd’hui donc, le discours a changé… C’est un fait. Les propos d’une Marine Le Pen sont, à ce jour, autrement plus subtils que ceux de son patriarche. Le racisme primitif qui établissait une hiérarchie des races fondée sur des préceptes « biologiques » ne sont plus d’actualité…, en tout cas pas ouvertement. On lui a en effet d’abord préféré un racisme plus « culturel », plus politiquement correct qui visait non pas à affirmer la supériorité d’une « race » sur une autre, mais plutôt, sinon la supériorité d’une culture sur l’autre, du moins l’évidente incompatibilité qui existerait entre elles. Mais ça, c’était avant ! Car, depuis lors, après le « racisme biologique », en plus du « racisme culturel », c’est une nouvelle forme de racisme qui a vu le jour : le « racisme socio-économique ».

Simple et efficace, sa rhétorique consiste à associer le rejet des étrangers et la sauvegarde de notre système social ; il ne s’agit donc plus de s’attaquer aux immigrés pour des raisons purement racialistes mais en vertu d’un idéal plus consensuel : le maintien de notre modèle de protection sociale[1]. Évidemment, en période de crise, à l’heure où chacun redoute le grignotage progressif des conquêtes sociales, l’argument fait mouche. Pourtant, ces récriminations ne résistent pas longtemps à l’observation et à l’analyse de la réalité. Les minima sociaux restent effectivement soumis à des conditions drastiques d’octroi : résider en Belgique de manière habituelle, permanente et légale ; être majeur ou assimilé ; prouver sa disposition au travail. Or, faut-il rappeler que l’immigration légale est stoppée depuis 1974, que le droit d’asile est un véritable parcours du combattant et que, même au sein de l’espace Schengen, les ressortissants ne peuvent demeurer plus de trois mois dans un pays qu’à condition d’avoir obtenu un permis de travail… et un boulot. Bref, prétendre que l’immigration constitue une menace pour notre système social est tout bonnement sans fondement, ce n’est là qu’un procédé d’instrumentalisation de l’opinion publique ! Mais, une fois de plus, pour résoudre des problèmes extrêmement complexes, il est tellement plus aisé, tellement plus confortable pour l’esprit de croire en des solutions aussi simplistes qu’irréalistes qui ne résoudront pourtant rien.

Ne soyons donc pas dupes ! À mille et une reprises, l’incohérence des propositions extrémistes et nationales-populistes ont été démontrées ; il nous reste maintenant à la (ré)affirmer et à s’en insurger. Comment ? Notamment en portant le Triangle Rouge qui, plus qu’une indignation, est un véritable signe d’engagement et de ralliement aux valeurs démocratiques ; le porter, c’est s’afficher démocrate, c’est dire NON aux idées liberticides.

Plus d’informations sur www.trianglerouge.be

  1. Alexis Spire, « Xénophobes au nom de l’État social », Le Monde diplomatique, décembre 2013, consulté le 10 mars 2014 sur http://www.monde-diplomatique.fr/2013/12/SPIRE/49901.