Aide-mémoire>Aide-mémoire n°75

Le mot de la présidente (75)

Par Dominique Dauby

2015 nous a explosé au visage : En janvier et novembre, Paris a goûté le sang et la peur, comme avant elle Beyrouth, Damas, le Cameroun, le Nigéria, la Somalie, l’Égypte. Dans les rues de Bruxelles et de Liège, entre autres, l’armée devient un élément du paysage… Nous aurions tant aimé renvoyer cette année terrible aux oubliettes !

Dominique Dauby

Impossible… Quelques dizaines de femmes, d’hommes et d’enfants sont morts ces dernières semaines en mer Egée. D’autres ont perdu la vie dans un camion frigo entre la France et l’Angleterre. Ils et elles sont plusieurs milliers dans la jungle de Calais ou à Grande Synthe, dans le froid, la boue, la faim, la violence… Comment, en ce début d’année 2016, penser, parler, échanger sans qu’il soit question des milliers de réfugiés qui frappent aux portes de l’Europe ?

La Belgique, après l’Angleterre notamment, a fait le choix de confier au secteur privé l’accueil des réfugiés. Beau moyen de passer la main, de ne plus se poser de question… sauf que, en Angleterre, une des entreprises sélectionnées a décidé de peindre en rouge la porte des logements qu’elle loue à des réfugiés…

Voudrions-nous l’oublier, nos enfants et petits-enfants nous regardent affolés : Quelle part prends-tu dans cette histoire ? Et où est ma place ?

Depuis plus de 30 ans, les Territoires de la Mémoire travaillent à une meilleure compréhension du fascisme et du nazisme, mettant en valeur le travail des femmes et des hommes qui résistèrent pied à pied à ces idéologies liberticides. Aujourd’hui, sans rien omettre des difficultés à affronter, il nous revient de faire face et de prendre la mesure des politiques en œuvre : chaque décision qui a pour conséquence de stigmatiser, humilier l’autre, étranger /e, demandeur/euse d’emploi ou sans abri, participe à la construction d’un mur de haine et de peur. Chaque fois que nous nous taisons, nous acceptons de prendre en main une des briques qui construisent ce mur lourd de menaces.