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« À vous la parole ! » autour du film « Chez Nous »

Par Delphine Daniels et Julie Ricard

Le 5 avril 2017, un moment de rencontre et d’échanges ouvert à toutes et tous a été organisé aux Territoires de la Mémoire autour du film « Chez Nous » du réalisateur Lucas Belvaux.

Diffusé en pleine campagne présidentielle, « Chez Nous » est un « instantané » de la situation politique française, une situation marquée par le retour, 15 ans après le fameux duel Jacques Chirac- Jean-Marie Le Pen, d’un Front national français populaire avec, à sa tête, l’héritière, Marine Le Pen.

À l’échelle de l’Europe, on ne peut que constater que la France est loin d’être le seul pays marqué par ce retour des partis et idées d’extrême droite. La montée du populisme voire de l’extrémisme tend à se globaliser. À nos frontières, on peut penser au succès du Parti pour la liberté (PVV) aux Pays-Bas, de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) ou encore du Parti de la Liberté autrichien (FPÖ).

à vous la parole autour du film chez nous

La Belgique, un « village gaulois qui résiste encore et toujours » ?

Le film « Chez Nous » permet de mettre en miroir des réalités de vie révélatrices d’un certain contexte socio-économique. En partant du cas particulier de la France, il invite à la discussion et amène à s’interroger : Pourquoi des partis d’extrême droite remportent-ils un tel succès ? La Belgique est-elle épargnée ? Comment souhaitons-nous nous positionner face à cette réalité ?

Lors de la première partie de notre rencontre, nous avons repéré de nombreux parallèles pouvant être faits entre la situation en France et le contexte politique, social et économique en Belgique : austérité, violence de la précarité, isolement, désillusion démocratique, sentiment d’insécurité qui peut amener à un repli identitaire, etc.

Pourquoi, dès lors, ne vivons-nous pas une situation analogue à celle de nos voisins ? Est-ce le résultat de la mise en place du cordon sanitaire ? Est-ce en raison de la présence d’autres forces politiques, institutionnelles, associatives, militantes, qui feraient barrages ? Bénéficions-nous de l’absence de partis politiques d’extrême droite forts ?

Une chose est certaine : il existe un terreau favorable à l’extrême droite en Belgique et les idées, elles, ne se cantonnent pas à certains partis politiques ni ne connaissent de frontières. Partant de ce constat, nous avons échangé, lors de cette rencontre, autour de trois questions centrales qui permettent directement d’appréhender, au moins en partie, la complexité de la situation actuelle et de mieux nous positionner vis-à-vis de celle-ci :

  • Alors que les partis d’extrême droite font l’apologie d’une identité nationale en crise qu’il s’agirait de sauvegarder et de réaffirmer (« on est chez nous ! »), finalement, pour moi, pour nous, c’est quoi être Belge ?
  • Dans un contexte de désillusion démocratique et de soif de changement politique, comment, selon moi, selon nous, améliorer notre système démocratique ? Quelles propositions et/ou initiatives existent déjà ?
  • Enfin, qu’est-ce qui me rend optimiste aujourd’hui et que j’aimerais voir se développer demain ?