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Le photographe de Mauthausen : une publication exceptionnelle aux Territoires de la Mémoire

Par la rédaction

Les Territoires de la Mémoire ont le plaisir de vous annoncer la publication, dans la collection « Points d’encrage », d’un ouvrage exceptionnel : Le photographe de Mauthausen : l’histoire de Francisco Boix et des photos dérobées aux SS, par le journaliste et historien espagnol Benito Bermejo.

Le photographe de Mauthausen

Initialement publié en Espagne par les éditions RBA, ce livre constitue un témoignage unique au monde sur le camp d’extermination nazi de Mauthausen : des centaines de photos nous montrent, de l’intérieur, toute la cruauté du système concentrationnaire nazi. Ces images furent prises par les SS eux-mêmes lorsque le camp était en pleine activité, comme tant d’autres détruites par les nazis au moment de leur défaite. Comment celles-ci ont-elles pu être sauvées ? Grâce à Francisco Boix, un jeune homme à l’esprit vif, courageux et doté d’un fort caractère. Prisonnier à Mauthausen, employé au laboratoire photographique, il parvint, avec l’aide de ses compagnons, à les soustraire et à les cacher pendant des années.

Parmi les clichés, les scènes les plus impressionnantes : aussi bien celles des derniers moments d’horreur que celles de joie de la liberté et la dignité retrouvées. Le témoignage de Francisco Boix, au cours duquel il produit certaines des photos dérobées, s’avère d’une importance capitale lors des procès qui se tiennent en 1946 à Nuremberg et à Dachau. Pourtant, 60 ans après la fin des camps, au moment où l’auteur de cet ouvrage s’intéresse à Francisco Boix, beaucoup de ces photos sont encore inédites. Le livre reproduit la déclaration textuelle de Francisco Boix devant les tribunaux de Nuremberg et de Dachau, ainsi que les photos qui illustrent son témoignage.

Francisco Boix Campo est né à Barcelone en 1920 et s’intéresse très tôt à la photographie. Au début de la guerre, Boix rejoint les Jeunesses socialistes unifiées de Catalogne, toujours un Leica à la main. Il prend part aux combats au sein de la 30e Division. Lorsque la République s’effondre, Boix prend le chemin de l’exil en France. Il est interné à Vernet d’Ariège et Septfonds, entre autres. Il est ensuite enrôlé dans la 28e Compagnie de travailleurs étrangers, dans les Vosges. En mai 1940, il est fait prisonnier par les Allemands et, après un périple par plusieurs camps et par le stalag de Fallingbostel, il est conduit, avec 1506 autres républicains espagnols, à Mauthausen, où ils arrivent le 27 janvier 1941.

Après quelques mois, de par son métier de photographe, il est affecté au service chargé de l’identification dans le camp. Outre les clichés nécessaires à l’identification des prisonniers, des milliers de photographies prises par les SS sur la vie des camps passent par les mains des prisonniers travaillant dans ce service. Conscients de la valeur des documents, Francisco Boix et ses camarades s’organisent pour dérober et mettre à l’abri les clichés, par l’entremise des Espagnols du Kommando Poschacher qui travaillent hors de l’enceinte de Mauthausen et d’Anna Pointer, une citoyenne autrichienne qui cache les photographies à son domicile.

le photographe de mauthausen mort sur barbele

Francisco Boix réalise les premières photos, aujourd’hui célèbres, qui illustrent l’arrivée des alliés et la joie de la libération. Boix part ensuite à Paris en emportant une grande quantité de clichés. Il publie quelques photos qu’il a prises dans le camp dans des journaux et revues proches du Parti communiste français, travaille comme photographe de presse dans diverses publications, comme L’Humanité et Regards.

Son état de santé étant miné par son séjour à Mauthausen, Francisco Boix meurt à Paris en 1951 et est enterré au cimetière parisien de Thiais. Le 16 juin dernier, conformément aux vœux de sa famille et de l’Amicale de Mauthausen, sa dépouille fut transférée au cimetière du Père-Lachaise lors d’une cérémonie officielle organisée par la mairie de Paris.