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Le Mot du Président (84)

Par Jérôme Jamin

Jérôme Jamin

Les partis politiques sont très souvent généralistes, contrairement aux associations qui ont un objet social ciblé. Si les premiers ont intérêt à s’occuper de tous les aspects de la vie quotidienne, les secondes sont plutôt amenées à ne pas « ratisser trop large ». On reprochera à un parti politique de ne s’occuper que des aveugles ou de la maltraitance des animaux, on ne reprochera pas à une association de lutter uniquement contre le racisme ou contre le sexisme. Les partis politiques sont généralistes et ont intérêt à aller dans ce sens dans la mesure où ils participent à la compétition électorale pour gérer la « Cité », et en la matière, il faut avoir une idée et des solutions à peu près sur tout (emploi, pension, environnement, urbanisme, santé, culture, relations internationales, etc.). Un parti politique qui ne se préoccupe que des pensions ou que des forêts à peu de chance de gagner des élections. Une association, au contraire, a plutôt intérêt à avoir un objet ciblé pour une raison évidente : c’est un moyen pour développer une expertise, et donc pouvoir influencer les partis politiques dans son domaine de compétence.

Le débat autour de la criminalisation des migrants et des violations de domicile témoigne de ce qui précède et à bien des égards, on doit au Secrétaire d’État Théo Francken – bien malgré lui – l’ouverture d’un vrai débat de société (riche, vive et intense) sur notre rapport aux migrants. Plusieurs associations aux objets sociaux différents se sont coalisées, chacune avec son expertise, pour dénoncer la diabolisation du migrant devenu voleur, profiteur ou terroriste. Certaines structures l’ont fait au nom des droits fondamentaux, d’autres pour dénoncer le racisme latent derrière la politique migratoire et les centres fermés, d’autres pour dénoncer les violences policières ! Des associations ont cherché à protéger les mineurs quand quelques acteurs voulaient simplement défendre notre Constitution.

L’association Les Territoires de la mémoire n’est pas généraliste, elle éduque à la résistance et à la citoyenneté en mobilisant le passé pour mieux comprendre le présent, et agir pour le futur. C’est un objet social très ciblé qui ne permet pas de dénoncer tout et n’importe quoi ! Mais lorsqu’on persécute des réfugiés qui fuient la terreur et qu’on essaie de les renvoyer chez eux, le parallèle avec les Juifs qui fuyaient le régime nazi dans les années 30 avant d’être renvoyés (par les autorités belges) en Allemagne est évident et sans ambiguïté.