Aide-mémoire>Aide-mémoire n°91

Le mot du Président (91)

Par Jérôme Jamin

Dans quelques semaines, le lundi 23 mars 2020, les membres du conseil d’administration de l’association Les Territoires de la Mémoire termineront un mandat prévu par les statuts pour une durée de trois ans. Un mandat renouvelable, ce qui amènera l’assemblée générale à élire une nouvelle équipe qui sera composée en partie d’anciens et en partie de nouveaux membres issus bien entendu de notre assemblée.

Ce n’est pas anodin ! L’assemblée dite « élective » qui se prépare devra, par son vote, valider la mise en place d’une nouvelle équipe à un moment crucial de la vie de notre association. D’abord parce que depuis de nombreuses années un vent autoritaire souffle un peu partout en Europe et dans le monde. Avec des idées extrêmes qui parviennent à se glisser au cœur de la vie politique et qui brouillent la ligne de démarcation entre ce qui est acceptable ou non, avec des partis d’extrême droite qui sont désormais au pouvoir dans de nombreux pays – parfois depuis longtemps –, et avec des chefs d’État d’envergure qui n’hésitent pas à commanditer des assassinats politiques (Mohammed ben Salmane, Vladimir Poutine, Donald Trump, entres autres), légitimant ainsi la violence extrême comme politique réalisée par d’autres moyens. Le tout face aux Européens plus inquiets pour leur marché économique et leurs carnets de commande que par le vrai visage de certains de leurs partenaires économiques, pétroliers ou militaires. La ligne politique des Territoires de la Mémoire, fondée sur les valeurs de dignité, de liberté, et d’égalité des droits, doit être cohérente dans un contexte de contradictions, d’hypocrisies et d’estompement des normes.

Le moment est également crucial car durant cette tempête qui a commencé il y a déjà plusieurs années, il a fallu organiser des changements importants au niveau de la direction, avec notamment le départ à la retraite du directeur adjoint Philippe Marchal qui avait intégré l’équipe peu de temps après la fondation de l’association, avec le futur départ du directeur-fondateur Jacques Smits, et avec la sélection au terme d’une procédure longue et solide d’un vice-directeur, Philippe Evrard, futur directeur. L’institution a bien fonctionné mais cela reste naturellement un défi assez unique pour une association d’assurer la transmission des savoirs et des expériences, une association qui a fêté ses 25 ans et qui reste donc assez jeune au regard d’une carrière professionnelle qui peut être tout aussi longue.

L’institution a bien fonctionné car elle s’appuie sur des services bien installés, coordonnés par des gens de qualité qui peuvent s’appuyer sur des travailleurs motivés. C’est sans doute un des aspects les plus rassurants pour l’avenir, des gens d’expérience aux convictions fortes malgré la tempête, malgré les doutes et les interrogations sur notre travail dans un monde de plus en plus autoritaire.

L’assemblée élective est un moment crucial car même si une partie importante de notre conseil d’administration soumettra à nouveau sa candidature pour la prochaine élection, certains membres, présents depuis le début, ont décidé de ne pas se représenter. C’est à la fois positif car un conseil a besoin de sang neuf, mais c’est aussi une perte ! Avec des expériences et des savoirs qui quittent le bon et loyal service aux Territoires de la Mémoire.

Enfin, l’assemblée qui arrive est importante car nous accueillerons de nouveaux membres, de nouvelles forces qui contribueront au voyage du navire « Territoires » pour encore, espérons-le, au moins 25 ans.