Archives des coups de cœur de la bibliothèque George Orwell - page 2

Le terme « néolibéralisme » résonne sans cesse dans les discours politiques. Pourtant, ce concept renvoie à une réalité difficile à définir… Depuis les années 1980, le recul temporel a permis à de nombreuses études de circonscrire davantage cet objet politique. C’est en s’appuyant sur ce socle de connaissances ainsi que sur son corpus idéologique propre, que les auteurs livrent ici une analyse du néolibéralisme sur le temps long. En ouvrant cette perspective, ils nous montrent que cette doctrine a d’emblée fait le choix de la guerre de domination, de la violence en vue de réaliser le projet d’une pure société de marché. Toutefois, et là est sa force, cette stratégie a évolué au gré du temps et des circonstances, recourant à des moyens divers allant de la répression armée à l’usage du droit, dans et par les institutions étatiques. Une dangereuse plasticité portée par la même logique dogmatique ! Dans le fond, Thatcher, Pinochet, Trump, Bolsonaro, Macron, même combat !

La princesse Castille de Bonaloi est la fille du roi, mais ce n’est pas pour ça qu’elle se comporte comme telle ! Elle aime aller à la ferme et aider son ami Armand, se rouler dans la boue et péter. Elle veut aussi décider pour elle-même : pas question de se coltiner un prince de pacotille, prétentieux et méprisant. Elle décidera elle-même de qui elle sera aimée et qui elle aimera !

Un petit livre qui évoque la liberté d’être qui on est et qui on veut être, accessible dès 3 ans.

On la cherche, elle nous passe à côté… On la trouve… Mais qu’est-ce que cette gigantesque petite chose ? Cet album, aux illustrations d’une grande poésie, vous transportera.

Un choix de textes fait par Marin Schaffner, pour lutter contre toutes les dominations et toutes les hiérarchisations. Que le « destin » de l’humanité – le pouvoir absolu de l’humain sur le vivant – soit remis enfin en question est une avancée majeure réconfortante pour le futur. Si on ne peut détruire une domination, quelle qu’elle soit sans éradiquer les hiérarchies, il en est de même pour les problèmes écologiques qui ne seront résolus sans un changement social profond, c’est l’écologie sociale. Murray Bookchin promeut une société écologique qui ne sera ni de « l’écologie profonde » qui mythifie la nature et tend vers le fascisme, ni une « écolo-technocratie », laissant tout pouvoir aux scientifiques pour gérer les crises. « Parvenir à notre pleine humanité est un problème social, qui dépend de changements institutionnels et culturels fondamentaux : ne pas le voir, c’est réduire l’écologie à la zoologie et faire de toute tentative de réaliser une société écologique une chimère. »

Plusieurs fois dans sa vie, Ismaël a vécu des faits de racisme. En 2017, la visite de l’exposition « Nous et les autres : des préjugés au racisme » au Musée de l’Homme à Paris lui fait l’effet d’un électrochoc ! Enthousiasmé par son propos, il invite les deux commissaires – une anthropologue généticienne et une historienne – à coréaliser une BD. Voici le résultat de ce travail : un récit dans lequel l’auteur se met en scène et mêle sa quête personnelle à un échange avec les deux scientifiques. Un habile mélange de « savoirs chauds » et « froids » à même de toucher les consciences, porté par une narration dynamique et un graphisme coloré !

Inspiré des rencontres de l’autrice, ce roman graphique raconte la vie de deux femmes. Mona, Syrienne, a fui son pays avec son mari pour Athènes, vit dans un camp de réfugiés et est enceinte. Monika, est dans un mariage malheureux et sage-femme à Médecins du Monde. Elle s’occupe de la grossesse de Mona. Deux femmes que tout semble opposer. Pourtant, leurs chemins se croisent et elles deviennent amies.

À travers leur récit, c’est l’histoire de la crise athénienne et de l’immigration en Syrie qui est dépeinte. Une BD pleine d’humanité et d’une grande qualité graphique.

Dans le pays des sept collines, il y a un roi craint de tous et sa « fille », Judith la Triste. Comme elle s’ennuie, il fait enlever des petites filles pour lui tenir compagnie. Rien ne va jusqu’à l’apparition d’Anna qui chante, une fille franche et à la voix d’ange. Grâce à elle, Judith et tous les autres habitants du pays se soulèvent et arrivent à chasser le roi, qui ne fait plus peur à personne.

Un conte haut en couleurs, avec de belles illustrations, qui plaira aux petits comme aux grands !

Un dessinateur et un mathématicien sont dans le même bateau que nous et décident de faire face à la tempête qui arrive en nous proposant un état des lieux du dérèglement climatique (oui, pas la peine de se demander si le réchauffement climatique existe) et des pistes d’actions encore possible pour y survivre. Dans cette album les auteurs font appel à toutes les disciplines (histoire, économie, philosophie, biologie…), ils ont voulu une approche globale et complexe du phénomène. Des petits dessins pour un grand discours sur notre futur.

Réédition d’un livre de référence sur la RAF. La Rote Armee Fraktion est un mouvement révolutionnaire anticapitaliste né en Allemagne et qui fera des petits au-delàs de ses frontière, Action Directe en France ou les Brigades Rouges en Italie, et jusqu’en nos contrées avec les CCC. Ce livre est une lecture critique des écrits de la Bande à Baader et d’entretiens avec d’anciens militants, sympathisants et avocats.

Charles Darwin, Philippe Descola, Starhawk, Piotr Kropotkine, Vandana Shiva, Isabelle Stengers et bien d’autres…Wildproject a assemblé dans ce recueil une mosaïque de textes écrits par ces intellectuels, dressant de la sorte un panorama inédit d’un siècle de pensée écologique. « Ce manuel repose sur une conviction simple : l’écologie n’est pas une nouvelle thématique qui s’ajoute aux autres – mais elle affecte l’intégralité des notions philosophiques et des enjeux de notre temps ». Une des autres volontés affichées est, à travers ce dialogue des disciplines scientifiques et cette mise en débat des pensées, de toucher des publics divers. Un manuel de poche qui aspire à en sortir !

Cours donnés à l’Université d’Arizona par les auteurs sur les liens entre la fabrique du sens commun et le pouvoir. Ce livre est une boîte à outils gramscienne permettant de critiquer et dépasser l’hégémonie du capitalisme. Notre façon d’interpréter le monde ne sort pas de rien, elle est formatée par les exigences de la classe dominante. Ce livre donne des pistes pour démonter cette interprétation, expliciter ses conséquences et, par des exemples, montrer qu’il est possible de changer le monde.

Qui suis-je ? Que se passe-t-il quand nous mourrons ? Qu’est-ce que la liberté ? etc. Il n’y a pas d’âge pour se poser ce style d’interrogations existentielles ! Jamia Wilson et Andrea Pippins l’ont bien compris. Après la traduction de leurs livres « I have a dream » et « Prenez le pouvoir les filles », Casterman publie cette initiation vivante et ludique à la philosophie. Dans celle-ci, les deux autrices invitent les enfants à réfléchir par eux-mêmes, ainsi qu’à développer leur esprit critique en s’inspirant des plus célèbres penseurs. Et si, plus que les tentatives de réponse, c’étaient les questions qui comptaient vraiment ?

4 femmes, Amy Johnson, pilote britannique ; Sophie Scholl, étudiante allemande ; Berty Albrecht, féministe française et Mila Racine, Juste française ; 4 destins et 4 formes de résistance au nazisme et son cortège d’horreur. Chaque vie racontée en bande dessinée est accompagnée d’un petit dossier historique rédigé par Emmanuelle Polack. Des exemples à suivre et des résistances encore à mener.

Le dessinateur liégeois poursuit son récit choral entamé en 2009, en y intégrant deux nouveaux personnages : Virgil, un GI afro-américain en provenance des zones libérées de la France, arrivant dans le sud-est belge fin 1944… ; et Jared, un soldat américain blanc, ségrégationniste, qui le prend d’emblée en grippe. Dans le feu de la Bataille des Ardennes, ce dernier va pourtant devoir se battre au côté de Virgil. Ce rapprochement contraint l’amènera-t-il à changer ses perceptions ? Jarbinet plante le décor d’un nouveau cycle de sa série à succès.

« Utopie » « utopie » « utopiste » « utopique » « pure utopie » « belle utopie » « folle utopie » « anti-utopie » « contre utopie ». Utopie… Un « mot-caméléon » qui prend les teintes de ce qui l’entoure, se mijote à toutes les sauces politiques, maintenant et au cours de l’Histoire. Fédérant, clivant, inspirant… Thomas Bouchet, professeur associé en Histoire de la pensée politique à l’université de Lausanne, dissèque au scalpel ce que recouvre ce vocable, « ce mot vif et vivant », « qui ne tient pas en place », et « qui pour cette raison même nous est précieux ». De cette manière, il nous invite à nous en (res)saisir, afin de bâtir des utopies concrètes !

Un essai percutant où l’autrice lie le développement précoce du capitalisme aux chasses aux sorcières qui ont eu lieu en Europe et dans les Amériques aux XVI^e et XVII^e siècles, et démontre également leurs incidences sur les violences (conjugales, extrafamiliales et institutionnelles) et sur les féminicides à notre époque. Les points communs ? La privatisation de terres agricoles et le contrôle du corps des femmes. Elle rappelle également que, dans de nombreux pays (notamment en Afrique et en Asie), des femmes se font encore accuser de sorcellerie pour de multiples raisons et d’autres meurent encore dans d’atroces souffrances, et que rien ne peut changer sans un mouvement de solidarité entre les femmes (et les hommes) et un vrai changement institutionnel des États, qui sont les premiers à profiter de cette soumission.

Spirou traverse tous les âges ! Dans cette nouvelle aventure, on le retrouve – flanqué de son ami Fantasio – travaillant au Pacific Palace, un hôtel luxueux et isolé qui se voit accueillir un client singulier… Korda, un ex-dictateur en fuite (sorte de Ceaușescu à ses heures) accompagné de sa famille et de ses gardes du corps. A la demande de l’Etat français, l’établissement est vidé de ses occupants. La situation vire au huis clos…puis à l’intrigue géopolitique ! Durieux restitue bien cette atmosphère « planante », de tensions latentes, notamment grâce à plusieurs belles planches réalisées en couleur directe. L’auteur ajoute aussi sa « griffe » en esquissant un portrait plus complexe du célèbre groom, étoffant sa palette d’émotions, y compris par rapport à l’amour…

Julie Henriet est psychologue-clinicienne dans le champ de l’adolescence. Dans cet essai, elle se penche largement sur l’objet de sa pratique de terrain : l’EVRAS (ou « Education à la vie relationnelle, affective et sexuelle”). A partir de cette expérience, et en mobilisant l’avis de différents professionnels, elle s’évertue à définir ce concept flou, à le vulgariser, et à déconstruire les clichés à son sujet. Critique, elle énonce les freins qui bloquent l’essor de l’EVRAS dans l’enseignement, notamment les politiques en la matière pauvres en moyens humains et financiers, sources d’inégalités sociales. En définitive, Henriet livre son point de vue politique sur comment promouvoir une EVRAS qualitative durant toute la scolarité ; et en cela, contribuer à « éveiller les consciences citoyennes de demain » … » tout en leur amenant une vie sexuelle libre et éclairée, « dans le respect de soi et de l’autre » !

Une famille juive profite de la venue d’Elton John à Auschwitz pour retourner sur les traces du grand-père. Entre les querelles familiales, les vies brisées, le vilain petit canard et les amours contrariées, un récit sur les 2e et 3e générations des survivants de la Shoah. Et la découverte de leur village d’origine, où la population déteste toujours autant les Juifs.

La communication pacifiste expliquée aux enfants au travers d’une histoire simple. Ici, avec Nico le chacal et Thérésa la girafe, comment faire un pas de côté en cas de conflit et envisager des solutions alternatives. Pour les enfants à partir de 4 ans.

23 conseils pour croire en soi et s’épanouir dans la vie. Un petit manuel de confiance en soi à destination des ados dans une mise en page accrocheuse et colorée. Des conseils et des exercices pratiques pour améliorer son rapport à soi, aux autres… et passer à l’action !

1966. George Orwell est décédé depuis seize ans. Un de ses amis proches, George… Woodcock, homme de lettres, historien et anarchiste, désire réaliser une étude littéraire de son œuvre. Très vite, il est confronté à une difficulté : les gens qui ont connu Orwell ne parviennent jamais « à distinguer l’homme de ses écrits, comme le prescrit l’acte de foi de la critique littéraire moderne ». Pour parler de l’écrivain, Woodcock choisit donc en premier lieu d’exorciser « la mémoire de l’homme », en dressant dans ce livre un portrait intimiste, nuancé, de l’Orwell qu’il a connu ; et ensuite, seulement, de poser un regard affectueux, mais critique sur l’œuvre, tout en rattachant ces éléments à leur contexte politique et littéraire. Avec cette réédition contemporaine, Lux aide à nous réapproprier Orwell, sans les filtres déformants et récupérations en tout genre dont il (a) fait l’objet.

Nous ne nous ressemblons pas, ni à notre père, ni à notre mère, nous sommes uniques. C’est le message véhiculé par cet album pour les enfants, pour les petits, les petits loups, les canards, les chats, les poussins, les lapins, les moustiques, les grenouilles, les papillons … dès 4 ans.

« Œil pour œil, et le monde finira aveugle » ! Cette BD raconte l’histoire de Johan, un jeune Français qui part effectuer un voyage au Brésil pour se ressourcer… mais qui va rapidement déchanter. D’emblée assailli par un sentiment d’oppression lié à la foule carnavalesque, il assiste également au lynchage d’un homme par un groupe « avide de justice ». Ce traumatisme va l’amener à essayer de comprendre l’origine de ce phénomène psycho-social de violence collective et raciste présent dans la société brésilienne. Cette quête de sens, troublante et obsédante, fera écho à son expérience d’une autre forme de violence, non dénuée d’effets dans la vie réelle : les campagnes de lynchages sur les réseaux sociaux. À travers ce récit et sa diversité de styles graphiques, l’équipe d’auteurs amène une réflexion intelligente, documentée, et nous rappelle que « la foule ne fait pas que détruire… elle peut aussi réparer ».

L’auteur tente de définir comment une maison d’édition ou une librairie peut être indépendante (ou pas). Pour se faire, il illustre ses propos de nombreux exemples contemporains.

Avec ce livre, il veut inspirer le lecteur à la défense des maisons d’éditions et des librairies, à l’accessibilité de la culture mais aussi à la lutte contre le capitalisme, avec le livre comme un des outils de lutte.

Ne pas être d’accord, n’est-ce pas l’essence même de la démocratie ? N’est-ce pas ce qui fait de nous des individualités ? Le fait de ne pas être d’accord, cela fait-il de nous des agresseurs ? Que se passe-t-il alors dans la tête d’un fonctionnaire, d’un mari, d’un État pour que sa réaction soit disproportionnée : mort par étouffement (Eric Garner), épouse rouée de coups (Janay Palmer) et peuple bombardé pendant 50 jours (Gaza en 2014). Ce sont ces moments de réactions excessives que l’autrice veut analyser dans ce livre. Les analyser pour les démonter, « afin de déjouer l’engrenage de la violence et son lot de souffrances inutiles ».

La suite des aventures de 4 amis qui traversent la Première Guerre mondiale. Dans ce tome 7, nous sommes en 1919 et la guerre est finie. Lucien et Luigi reviennent à Valencourt dans l’espoir d’avoir des nouvelles de leurs amis.

Donner la parole aux jeunes sur leur rapport à eux-mêmes, aux autres et au monde, c’est le projet du « JOYEUX BORDEL ! » édité par le SIPS. Et on n’est pas déçus… Des témoignages aux illustrations, en passant par la playlist destinée à accompagner la lecture, voire même la relecture en cours de projet, c’est une vraie place qui leur est laissée pour s’exprimer !

« À quoi ressemble la joie dans les milieux de lutte » ? Car oui, le militantisme c’est se prendre / et prendre le monde au sérieux, le rationnaliser pour agir, mais c’est également des sentiments de joie et de désir ! D’ailleurs, l’anarchiste Emma Goldman ne disait-t-elle pas ? : « Si je ne peux pas danser à la révolution, je n’irais pas à la révolution ». D’aucuns ont parfois tendance à l’oublier, et gare alors au « burn out militant » ou au « sectarisme ». Ce livre souhaite mettre cet aspect au premier plan au moyen d’une étude inédite de la lutte depuis ses effets d’affects, mixant théorie, analyse de cas pratiques, entretiens avec des activistes et propositions. Paru aux USA en 2017, il est heureux de voir ce style de traduction originale traverser l’Atlantique pour faire réfléchir ici. « Lâcher prise » pour mieux « avoir prise » !